Les cas d'abus et d'exploitation sexuels perp¨¦tr¨¦s par des travailleurs humanitaires continuent de se produire, et ils sont aussi effroyables que fr¨¦quents.
C'est pourquoi le travail des points focaux PSEA du Bureau de la?coordination?des affaires humanitaires (OCHA) dans toutes les op¨¦rations est essentiel pour que nous puissions placer la protection contre l'exploitation et les abus sexuels (PSEA) au c?ur de notre action humanitaire.
Dans cet entretien, Saba Gawbah parle de son r?le de point focal PSEA pour OCHA Y¨¦men et des d¨¦fis qu'elle rencontre dans son travail.
En quoi consiste votre r?le en tant que point focal PSEA ?
J'ai ¨¦t¨¦ nomm¨¦e point focal PSEA en 2016, peu apr¨¨s avoir rejoint OCHA Y¨¦men et ¨ºtre devenue la premi¨¨re et la seule femme employ¨¦e sur le terrain ¨¤ l'¨¦poque. Ce fut une exp¨¦rience difficile, mais enrichissante.
J'ai ¨¦t¨¦ l'une des cofondatrices du r¨¦seau interinstitutions de lutte pour?la protection contre l'exploitation et les abus sexuels?au Y¨¦men. ? ce titre, j'ai dirig¨¦ l'¨¦laboration et la mise en ?uvre de notre plan d'action PSEA, en veillant ¨¤ ce qu'il atteigne l'ensemble du personnel, des cadres sup¨¦rieurs aux agents d'entretien et de s¨¦curit¨¦.
Je suis fi¨¨re qu¡¯OCHA Y¨¦men ait ¨¦t¨¦ le premier bureau de la r¨¦gion du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord ¨¤ ¨¦tablir un plan d¡¯action complet en mati¨¨re de PEAS.
Quels sont les principaux d¨¦fis dans votre travail ?
Le plus grand d¨¦fi r¨¦side dans la sensibilit¨¦ culturelle autour de la PSEA au Y¨¦men. Les discussions sur l'exploitation et les atteintes?sexuelles sont souvent tabous, et les survivants craignent la stigmatisation, les repr¨¦sailles ou la perte de l'acc¨¨s ¨¤ l'aide. Cela rend le signalement extr¨ºmement difficile.
Pour y parvenir, je me rends sur le terrain pour instaurer la confiance, notamment avec les femmes, gr?ce ¨¤ des discussions de groupe cibl¨¦es dans des espaces s¨¦curis¨¦s. Ces ¨¦changes contribuent ¨¤ les sensibiliser ¨¤ leurs droits et ¨¤ la mani¨¨re de signaler leurs pr¨¦occupations en toute confidentialit¨¦. L'instauration de la confiance est essentielle dans ce processus.
Pour moi, l¡¯essentiel n¡¯est pas de consid¨¦rer la PSEA comme une t?che secondaire, mais plut?t de l¡¯int¨¦grer dans tout ce que nous faisons.
Ainsi, lors de mes missions sur le terrain, j'anime des s¨¦ances de sensibilisation, distribue des d¨¦pliants et des affiches et interagis directement aupr¨¨s des communaut¨¦s, notamment dans les camps de d¨¦plac¨¦s. J'insiste sur le fait que les signalements peuvent ¨ºtre effectu¨¦s de mani¨¨re anonyme et que chaque pr¨¦occupation est prise au s¨¦rieux et trait¨¦e par les voies appropri¨¦es.
Il est de notre devoir collectif de respecter les principes de la PEAS et le Code de conduite des Nations Unies. Suivez votre formation, signez l'engagement et tenez-vous inform¨¦. Il est ¨¦galement de notre devoir de signaler tout cas suspect, m¨ºme s'il ne s'agit que d'une rumeur, et d'encourager les communaut¨¦s ¨¤ faire de m¨ºme. N'essayez jamais d'enqu¨ºter seul?; signalez-le aupr¨¨s du ou?par l'interm¨¦diaire de votre chef de bureau.
Notre r?le est de prot¨¦ger la dignit¨¦ et la s¨¦curit¨¦ des personnes que nous servons. C'est pourquoi l'ONU applique une politique de tol¨¦rance z¨¦ro ¨¤ l'¨¦gard de l'exploitation et des atteintes sexuels et du harc¨¨lement sexuel.
En savoir plus sur l¡¯action des Nations Unies face ¨¤ l¡¯exploitation et aux atteintes sexuelles.
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