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Paris
France

Rencontre entre le Secrétaire général et le Premier Ministre français Dominique de Villepin


Rencontres avec la presse | Kofi Annan, Ancien Secrétaire général


Le Premier ministre : Tout d'abord, je tiens à dire l'immense plaisir que j'ai d'accueillir Kofi Annan à Paris, à l'occasion de l'inauguration du Musée du Quai Branly. Qui est un musee universel, une inspiration du President Jacques Chirac, et la présence du Secrétaire général des Nations Unies a Paris aujourd'hui nous émeut donc tout particulièrement.

Je voudrais également dire à titre personnel, et comme Premier ministre, combien je suis heureux de recevoir Kofi Annan parce que c'est, sans doute, l'un des hommes que j'admire le plus sur la scène internationale. C'est un homme de paix, c'est un homme de justice et c'est un homme dont je sais que tous les combats sont guidés par le souci de faire avancer nos idéaux sur la scène internationale.

Nous avons évoqué ensemble bien des sujets et bien des difficultés de la vie internationale : la situation au Moyen-Orient, au Proche-Orient, en Iraq. Mais aussi la situation en Afrique, qui nous tient particulièrement à coeur, et notamment en Côte d'Ivoire. Nous souhaitons trouver une solution pour cette Afrique de l'Ouest, et pour l'Afrique toute entière. C'est une crise emblématique. Nous souhaitons donc tout mettre en oeuvre pour passer le cap difficile. La situation au Darfour, du Tchad, du Soudan. Et bien sûr, de la réforme des Nations unies, parce qu'une communauté internationale qui avance est une communauté qui est bien représentée, justement représentée, et où chacun trouve sa place. Ce sont donc autant de sujets qui nous ont permis d'avoir un échange à la fois amical, et je le crois, fructueux.

SG : Merci Monsieur le Premier Ministre. Je suis très content d'être ici. Nous avons eu une très bonne discussion ensemble, constructive, sur de nombreux sujets. Je suis également heureux d'avoir pu assister à l'inauguration du Musée du quai Branly. Vraiment, c'est un lieu unique que le monde entier va apprécier car c'est un symbole de la diversité de nos cultures et de nos traditions. Je dois féliciter le Président Jacques Chirac et le Gouvernement français d'avoir créé cette institution extraordinaire et unique.

Q : Monsieur le Premier ministre, le Musée du Quai Branly, c'est ce que le Président Chirac laissera de mieux derrière lui ?

PM : C'est une oeuvre qui est conforme à la vocation de la France : un esprit universaliste, un esprit qui s'adresse aux peuples du monde entier. Aujourd'hui, ils sont nombreux à se sentir plus confiants et plus forts parce qu'ils sont reconnus. Cette reconnaissance, à travers le regard de la France, à travers le souci du Président de la République, que tout cela soit possible, constitue pour nous le témoignage d'un rôle et d'une vocation qui est celle de la France et du peuple français. Je suis heureux de voir qu'elle est partagée. Nous avons tous vibré et ressenti la même émotion en visitant ce musée qui donne sa place à chacun. Les oeuvres « premières », les oeuvres les plus vibrantes de l'humanité, font que chacun s'y retrouve. Qu'il s'agisse d'art de l'Amérique, de l'Asie, d'Océanie ou d'Afrique, il y a là l'émotion des peuples, la première émotion des peuples. Et c'est quelque chose qui nous touche tous, quelle que soit notre sensibilité, quelle que soit la couleur de notre peau, et quel que soit notre engagement.

Q : Monsieur le Secrétaire général, avez-vous discuté de la situation en Corée du Nord et de l'éventualité de tirs d'essais de missiles ?

SG : Nous sommes évidemment concernés par la situation en Corée du Nord. Le Premier Ministre français et moi-même soutenons les pourparlers à six (Etats-Unis, Russie, Chine, Japon, les deux Corées). Récemment, j'étais en Chine où j'ai eu l'occasion de discuter de ce sujet avec les Chefs d'Etat chinois, japonais et sud-coréen. Ils travaillent très étroitement avec les Américains pour trouver une solution. J'espère donc que le dirigeant nord-coréen va écouter et entendre ce que le monde est en train de dire. Nous sommes tous inquiets. La Corée du Nord doit faire très attention à ne pas créer une situation plus compliquée sur la peninsule.

Q : Vous faites appel à ce qu'ils ne fassent pas ces tirs d'essais de missiles ?

SG : Nous devons faire attention à ne pas multiplier ce genre d'armes, surtout dans une région aussi sensible.

PM : Nous partageons cette inquiétude, et bien évidemment, si un tel essai de missile devait avoir lieu, il faudrait que la communauté internationale apporte une réponse à la fois ferme et juste. Il faudrait bien sûr que le Conseil de sécurité des Nations unies adopte les mesures indispensables. Car il y va de la sécurité de la région, mais aussi de la volonté de la communauté internationale de faire respecter par chacun ses obligations. Nous avons évoqué la situation de l'Iran, nous évoquons la situation de la Corée du Nord. Il existe des obligations internationales et elles doivent être respectées par tous.

Q : Est-ce que le nouveau Conseil des droits de l'homme vous donnerons l'occasion de regler des questions en Europe, comme Chypre ?

SG : Monsieur Gambari (Secrétaire général adjoint aux affaires politiques) ira à Chypre très bientôt. Mais j'ai toujours encouragé les deux parties à montrer leur volonté politique de résoudre cette question. Nous avons eu un reférendum qui a été accepté par le Nord de l'ÃŽle, mais pas par le Sud. Pour avoir à une paix durable, les deux communautés doivent s'engager. Or, [depuis deux ans], les deux leaders n'ont pas encore eu l'occasion de se rencontrer. Nous sommes en train de travailler avec eux, nous les encourageons de travailler ensemble sur un certain nombre de projets, pour preparer le terrain pour peut-etre dans l'avenir relancer un nouveau processus de paix.

J'espère qu'à son retour de voyage, Monsieur Gambari, m'apportera les informations qui me permettront de décider si on peut aller de l'avant ou non. Mais ça depend de son rapport.